CRITIQUE – Dans sa dernière création, Joël Pommerat imagine un monde où l’androïde est le meilleur ami de l’homme. Dis, Siri, s’agit-il d’une fiction? Dans «Contes et légendes», la société Altaïr commercialise en effet des êtres artificiels ayant une apparence humaine. Demain, les robots remplaceront les humains. Peut-être sommes-nous déjà demain. L’ «écrivain de spectacles» Joël Pommerat a planté sa dernière pièce dans ce futur pas si lointain où les androïdes domestiques seront en vente libre. «Parce que le corps est un moyen d’expression au même titre que les mots» , la société Altaïr commercialise en effet des êtres artificiels ayant une apparence humaine. Fini le temps des robots mécaniques et saccadés, avec une antenne sur le front et une prise secteur. Ceux-là ont une autonomie de dix à douze heures, apprennent de leurs erreurs, progressent et n’oublient jamais un anniversaire. Les familles en raffolent. Nouvelle cohabitation 600 000 foyers ont déjà fait l’acquisition de Roby, modèle particulièrement fiable et dévoué, «compagnon éducatif et pédagogique voué à assister l’enfant dans son processus scolaire» . D’autres robots sont affectés aux tâches ménagères ou se chargent de l’ambiance musicale… Dans une succession de tableaux dont il a le secret, Joël Pommerat imagine les aléas de cette cohabitation nouvelle. Il ne s’agit pas là d’une énième dystopie où les machines prendraient le contrôle du monde et réduiraient les hommes en esclavage. Non, ces robots-là sont doux, fidèles et très serviables. Ils comblent à eux seuls le déficit affectif engendré par nos sociétés […]