Image d’illustration. 150079237/Maximilian Martin – stock.adobe.com Silence. Sur les routes désolées, abîmées par une invisible guerre, un jeune homme rôde. À peine humain. «Je me résume à quelques fragments de moi-même, mes yeux, mes oreilles et mon squelette.» Il a dix-sept ans et il marche, car «la route est tout». Quand vrombissent des avions, il se terre, impuissant devant un paysage corrompu. Il côtoie les ruines, reconnaît la mort, mais avance. Dans sa poche, la chaleur d’une boussole qu’un amour d’autrefois lui a offerte. Direction le Nord. «C’est chez moi», répète-t-il. Comme une prière. En chemin, il rencontre un garçon perché au sommet d’un arbre solitaire. Muet, l’enfant descend et voyage à ses côtés. Leur étrange pèlerinage peut commencer. Après le feu, les cendres. Il faut fuir avant d’être asphyxié. Manger, boire, dormir. Les deux garçons survivent, se confient peu mais se côtoient. Assez pour réprimer la démence qui menace le narrateur. «Voilà peut-être ce qui attend ceux qui vont le long des routes, ils piétinent hors d’eux-mêmes, hors